C’est un grand plaisir de brosser pour vous le portrait de Cédric,détenteur depuis avril 2006 du magnifique Labrador Retriever doré Neptune.
Le jeune homme est devenu aveugle dans les premiers mois de sa vie, suite à un décollement de la rétine. Il vit avec sa famille à Yverdon. A l’instar de la plupart des enfants aveugles ou malvoyants,Cédric a fait
sa scolarité au CPHV, Centre pédagogique pour handicapés de la vue de Suisse romande, à Lausanne,et c’est là, à l’âge de 9 ans,que pour la première fois il est mis en présence d’un chien guide.
En effet, les instructeurs de notre école se rendent chaque année au CPHV pour un cycle de cours, afin de présenter les chiens guides aux enfants, leur expliquer comment un chien peut les aider à se déplacer plus facilement.
Ensuite, chaque enfant peut faire un court trajet au harnais. Selon Cédric, ce premier contact avec un de nos chiens a eu un effet extraordinaire sur lui. Il s’était dit: «J’aurai un chien guide le jour de mes 18 ans».
Son voeu s’est réalisé,avec mëme un soupçon d’avance ! C’est Stéphanie Ducret, que d’ailleurs nous vous présentons dans ces pages, qui a formé Neptune et l’a donc introduit auprès de Cédric.
Encadré avec amour mais sans ëtre surprotégé, Cédric a vécu une enfance heureuse avec ses deux frères dont le plus jeune,Grégory,est lui aussi aveugle et attend à son tour avec impatience son premier chien guide.
Comme tous les gamins, ils étaient turbulents, s’amusaient beaucoup et étaient curieux de tout essayer,mëme le vélo, ça passe ou ça casse,les genoux écorchés et autres bobos étaient à l’ordre du jour.
C’est ainsi, en faisant leurs petites expériences, qu’ils ont pris cette assurance qui les caractérise aujourd’hui. L’aîné,Frédéric,bien qu’ayant entre-temps quitté le nid, continue à s’occuper beaucoup de ses deux frères aveugles; il les emmène avec lui quand il va boire un verre avec des copains, ou leur propose une autre sortie sympa.
Le sport, Cédric en fait avec modération. Depuis qu’il a Neptune, il va surtout se balader dans la nature,seul ou avec des copains. La piscine,du ski ? Oui, mais occasionnellement. Ce serait plutôt un prétexte pour rencontrer des copains.
La famille de Cédric est très unie,et ensemble ils entreprennent plein de choses. Ils aiment à se retrouver au chalet d’alpage d’un oncle qui a deux chiens et c’est chaque fois la fëte pour tout le monde.
Christine, la maman, prend les deux adolescents avec elle quand elle peut – et quand ils n’ont pas mieux à faire ! – pour aller en commissions, pour rendre visite à une amie& Avec leur charme et leur bonne humeur, ils ont «la cote» chez tout le monde. La maman est consciente que Cédric et Grégory vont bientôt avoir l’âge de voler de leurs propres ailes.
Cédric sera le premier à partir et pourtant,cela ne lui fait pas peur car elle a confiance en eux tant il est vrai que l’éducation qu’elle leur a donnée visait un maximum d’indépendance à l’âge adulte.
Depuis une année,Cédric se rend tous les jours au Centre de formation professionnelle Oriph à Pomy près d’Yverdon,où il a d’abord suivi un cours d’informatique de trois mois pour ensuite occuper un poste au central téléphonique où il assure le «help desk» pour les utilisateurs d’ordinateurs.
En octobre dernier,il a décroché un stage au d partement de l’infrastructure de l’Etat de Vaud où il collabore au projet «accessibilité». Surprise: le chef de projet n’est autre que Marc Johannot,connu par nos lecteurs alias «Géant», le parrain d’Orion (voir bulletin no 23). Quel concours de circonstances extraordinaire ! Il n’aurait pu trouver maître de stage plus désigné.
Cédric, comme beaucoup de personnes souffrant d’une déficience visuelle, est un passionné d’informatique et en particulier, il aimerait plus tard travailler dans la recherche et le developpement pour faciliter aux non-voyants l’utilisation de l’ordinateur.
Il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine. Pensons aux personnes souffrant d’autres handicaps physiques, par exemple d’une grave arthrose dans les mains qui rend difficile le maniement de la souris.
Pour Stéphanie, son instructrice, le travail avec Cédric était du pur bonheur comme elle dit car,explique-t-elle,il est très confiant de nature et a donc fait confiance à Neptune dès le départ, ce qui n’est pas évident du tout et ce qui a grandement facilité le travail d’introduction.
Il faut dire que Cédric a toujours été très autonome avec la canne blanche et en plus, son ouïe est si fine qu’il «entend» les obstacles comme il dit. Un voyant ne s’en aperçoit pas mais en passant devant un mur, un panneau ou un camion stationné par exemple, la résonance change. Son excellente mémoire l’aide aussi énormément.
A propos de son ouïe extraordinairement développée, sa maman raconte que lorsque, en compagnie d’une amie, elle avait acheté des Game Boy pour ses garçons,l’amie en question était perplexe et croyait que c’était une blague. Mais non,ils étaient ravis: comme tous les ados,ils passaient des heures à jouer au Super Mario et autres jeux électroniques en réagissant uniquement à toutes les nuances de son qu’émet le jeu. Essayez de les imiter.
Aujourd’hui,grâce à Neptune,il évite quand mëme mieux les obstacles, surtout ceux en hauteur qu’il ne négociait pas toujours avec la seule canne,pas besoin de vous faire un dessin& De plus, Neptune n’est pas seulement «un moyen auxiliaire» admis par l’assurance invalidité mais aussi un compagnon et ami avec qui Cédric se balade dans la nature rien que pour le plaisir.
Il va sans dire que Neptune a rapidement conquis la famille entière. Cédric et Neptune forment un couple qui séduit: l’un, grand jeune homme décontracté en T-shirt et jean à la mode, qui avance d’un pas décidé,l’autre,un beau labrador retriever doré au poil soyeux, concentré sur son travail de guide et qui «sourit» de bonheur quand il est félicité pour la bonne exécution d’une tâche. On ne peut ëtre qu’admiratif devant une telle maîtrise du handicap.
Bon vent, Cédric, la vie t’attend !
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