Technologies et handicap: témoignage d’un «homme augmenté»

Engagé depuis 2011 à l’État de Vaud, Cédric Fardel, jeune informaticien, était invité à témoigner lors du congrès annuel du Centre de formation de l’Assurance invalidité (AI), qui s’est tenu récemment à Berne. Il a montré comment la technologie l’aide dans son quotidien d’aveugle.

«La numérisation: bénédiction ou malédiction pour l’AI?» C’est la question un peu provocatrice qu’a posée le Centre de formation AI lors de son dernier congrès annuel, qui s’est tenu le 3 mai dernier en terre bernoise et auquel était convié Cédric Fardel. Pour ce jeune Yverdonnois, informaticien à la Direction des systèmes d’information (DSI) depuis sept ans et aveugle depuis sa plus tendre enfance, la réponse coule de source: les nouvelles technologies sont ses indispensables alliées dans la quête qu’il mène chaque jour pour gagner davantage en autonomie. Un credo qu’il a affirmé et développé avec beaucoup d’aisance devant un parterre de plus de 200 congressistes réunis pour l’occasion au Centre Paul Klee de Berne.
«Le smartphone a changé ma vie. Avec lui, je peux accéder aux livres, me documenter ou me déplacer. En vingt ans, les technologies de l’information n’ont cessé de se perfectionner, et le développement de nouvelles applications apporte un réel espoir à toutes les personnes qui souffrent de handicap», a souligné en préambule le jeune aveugle. Des outils qui lui permettent également aujourd’hui d’être parfaitement intégré dans le monde du travail.

Bienvenue dans l’ère tactile!

Les médecins, spécialistes et handicapés réunis à Berne l’ont affirmé d’une voix unanime: dans notre société hyperconnectée qui voit l’avènement de l’«homme augmenté» à travers les avancées spectaculaires de la robotique, les possibilités sont infinies pour toutes celles et ceux qui ont perdu – génétiquement ou accidentellement – des facultés fondamentales, telles la mobilité, l’ouïe ou la vue.
Cédric Fardel l’a confirmé dans sa présentation: «Diverses applications me permettent, par exemple, d’identifier les objets de mon entourage par le biais de photographies qui me sont décrites, de prendre connaissance de mes e-mails grâce à un lecteur d’écran ou de savoir à quel moment arrive mon bus. Le développement des supports tactiles est incontestablement un atout majeur», a-t-il expliqué pendant qu’il montrait à l’assistance avec quelle rapidité et quelle agilité il était capable de surfer sur internet pour y trouver toutes les informations nécessaires à sa vie quotidienne ainsi qu’à l’exercice de sa profession. «L’avenir réside dans les assistants virtuels (le logiciel Siri, par exemple) qui permettent le contrôle de notre environnement et ouvrent la voie à la maison connectée», a encore argumenté l’informaticien yverdonnois.

Un précieux atout

«Pour son employeur, l’État de Vaud, Cédric est un précieux atout», a relevé Isabelle Trescazes, responsable des ressources humaines à la DSI, qui a souligné le rôle important que joue ce collaborateur particulier au sein du service.
Depuis plusieurs années en effet, cet informaticien hors normes apporte ses contributions à de nombreux projets, notamment à l’équipe chargée de développer la cyberadministration cantonale vaudoise. «Si un lien hypertexte n’est pas conçu correctement ou si une photo n’est pas légendée, tous ceux qui souffrent d’un handicap de la vue perdent des informations importantes», explique-t-il. C’est pourquoi ce jeune aveugle passionné, qui vient de fêter son 30e anniversaire, est régulièrement consulté pour vérifier l’accessibilité des prestations en ligne offertes par l’État. Il donne également des cours aux collaborateurs de l’administration cantonale chargés de mettre à jour les pages internet du tout nouveau site www.vd.ch .
Par son témoignage, Cédric Fardel a donné une belle leçon de vie à ses auditeurs et a su prouver – s’il en était encore besoin! – que les technologies de notre société moderne sont un formidable facteur d’insertion.


Source : Gazette de l’Etat de Vaud 286


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *